Le Mag - Colombie

C'est à la féroce convoitise des pirates que Carthagène doit les splendides remparts qui entourent le centre historique sur 12 km.

En 1533, les Espagnols fondent la ville de Carthagène des Indes, sur les lieux d'un ancien village des natifs, les Karibs. Très vite, sa position géographique intéressante, proche de l'isthme de Panama comme des îles caribéennes, vaut à la ville de se se développer, à l'abri de monumentales murailles. Celles-ci existent toujours et constituent d'ailleurs l'un des attraits touristiques majeurs de Carthagène.

Le commerce d'or et de pierres précieuses ainsi que trafic d'esclaves font alors partie des activités les plus lucratives menées par les riches colons. Mais ils ne sont pas à l'abri de plus aventureux et plus rapaces qu'eux : les pirates européens se multiplient à partir du 17ème siècle dans la baie, contribuant au renforcement des fortifications. La forteresse San Felipe de Barajas est construite et améliorée à maintes reprises jusqu'en 1769. Et comment ne pas être impressionné, encore de nos jour, devant ses multiples niveaux, son réseau de souterrains, et bien sûr la vue sur les récifs d'un côté, et sur la ville de l'autre ? Belles, mais aussi efficaces, ces défenses ont permis à la cité espagnole de repousser le siège mené par les Anglais au 18ème siècle – et pourtant, aucune flotte aussi nombreuse ne s'était jamais lancée à l'assaut des terres, et le record a tenu jusqu'au débarquement allié en 1944 !

Au large de Carthagène, sur l'île de Tierrabomba située au cœur de la baie, le château de San Fernando de Bocachica, construit au 18ème siècle, participait également à la sécurité de la ville.

Aujourd'hui, Carthagène des Indes est une ville extrêmement tranquille et paisible. Les paquebots de luxe ont remplacé les navires de corsaire ; mais la promenade le long des remparts et les visites de châteaux hérissés de canons font encore partie des balades incontournables…

On entre souvent dans le centre de Carthagène des Indes par la porte de l'Horloge. Surmonté d'un clocher jaune et blanc, elle constitue une percée dans les épaisses murailles de la ville et donne un premier aperçu de la la beauté pimpante de cette vieille ville colorée. Les vendeurs ambulants profitent de l'ombre généreuse de son porche pour proposer de l'artisanat local.

On passe ainsi du quai, sur lequel les statues surveillent la « Baie des âmes », au centre très pittoresque, surplombé par l'élégante coupole de la cathédrale Sainte Catherine d'Alexandrie. Il faut ensuite prendre le temps de flâner dans les ruelles aux façades roses, jaunes, bleues…

Les quartiers de Getsemani et de La Matuna sont particulièrement renommés pour leur architecture coloniale typique. Les arcades apportent un brin de fraîcheur dans une ville où les températures sont élevées toute l'année, et les balcons en bois sont peints de couleurs aussi vives que les murs et les volets ; les fleurs tombent en cascades au-dessus de portes anciennes. L'ambiance est à l'insouciance, dans les petites ruelles comme dans les boutiques de souvenirs, à la terrasse des cafés comme autour des étals improvisés.

Le Palais de l'Inquisition et le Musée de l'Or valent sans aucun doute le détour. C'est l'occasion d'admirer de belles pièces incas et aztèques, pillées par les Espagnols il y a quelques siècles pour leur valeur marchande, mais remarquées aujourd'hui pour leur intérêt historique et artistique.

Il y a de ravissantes petites églises à chaque coin de rue, mais au-delà de la cathédrale, deux lieux religieux sont particulièrement incontournables : le couvent de la Popa, qui domine le reste de la ville depuis sa colline et dévoile à ses visiteurs un charmant patio plein de verdure, et l'église dédiée à San Pedro Claver, un prêtre espagnol qui a consacré sa vie à soulager les souffrances des esclaves africains arrivés à Carthagène des Indes. Dans cette dernière, le corps du religieux repose dans une châsse dorée, et fait l'objet d'une dévotion particulière.

Avec sa skyline de verre et d'acier, Bocagrande, le quartier moderne situé à l'est du centre de Carthagène des Indes, est également remarquable. Le contraste entre les deux villes ne manque d'ailleurs pas d’interpeller les voyageurs. Hôtels, plages, casinos, discothèques… Bocagrande dispose de tout ce qui peut contribuer à rendre un séjour plus facile – et plus agréable pour les hommes d'affaires qui s'y pressent pour de brèves vacances. Mais on y retrouve aussi des artistes comme Javier Bardem ou Shakira, qui raffolent de cette destination colombienne accessible et dotée de toutes les commodités ; et toute la sécurité souhaitable.

Profiter d'une côte magnifique

A Carthagène des Indes, il est difficile de manquer la statue de l'India Catalina, une jeune femme indigène debout, bien droite, qui a été l'interprète des Espagnols lors de leur arrivée dans la région. C'est un bon point de départ pour se rendre vers la Playa Blanca, la plage la plus célèbre de la ville, mais aussi pour se diriger vers La Boquilla où la mer vient se rouler tranquillement sur le sable, loin de l'agitation du centre. Pour ceux qui ont davantage de temps, l'archipel du Rosaire permettra de découvrir des plages où l'eau est parfaitement transparente, tiède, et recouvre à peine un sable très clair. Il faut bien sûr prendre le bateau pour s'y rendre, mais le dépaysement est à la mesure de l'effort consenti !