Ils constituent la communauté la plus importante, tant par son poids historique que par le nombre de ses membres (environ 500 000 à l'heure actuelle).
Ils se nomment eux-mêmes mapuches, nom composé des mots "mapu" (terre) et "che" (gens), soit littéralement "gens de la terre", ou "natifs".
A l'arrivée des Espagnols en 1535, ils occupaient un territoire qui s'étend de la vallée de l'Aconcagua jusqu'à l'île de Chiloé, et étaient répartis en plusieurs sous-groupes géographiques : Picunches (gens du nord), Huilliches (gens du sud), Lelfunches (gens des vallées), Lafkenches (gens de la côte) ...
Les groupes septentrionaux, qui se trouvaient sous la domination partielle des Incas, furent rapidement soumis par les conquistadors.
Les groupes qui se trouvaient plus au sud (et qui avaient déjà tenu tête aux Incas) opposèrent en revanche d'emblée une résistance farouche (guerriers redoutables, ils faisaient preuve d'une extrême habileté dans le maniement de l'arc, du javelot et du casse-tête).
Dès 1536, une bataille rangée oppose les Mapuches d'Araucanie (une région située au centre du Chili) aux troupes de Diego de Almagro, descendu depuis le Pérou pour mettre la main sur El Dorado (1).
C'est le début d'une guerre de plus de 60 ans, qui se solde par l'établissement d'une frontière tacite entre les antagonistes : au nord du fleuve Biobío, les Espagnols, au sud, les Mapuches.
Le statu quo durera près de deux siècles, durant lesquels cette ligne de démarcation sera peu ou prou respectée.
Mais la consolidation de la colonie espagnole, puis de l'Etat chilien (après l'indépendance de 1818), remet en marche le rouleau compresseur animé par la convoitise.
En 1861, le gouvernement chilien lance l'opération de "pacification de l'Araucanie".
En fait de pacification, on procède militairement à l'expropriation à grande échelle des terres sur lesquelles vivent les Mapuches en vue d'en faire le "grenier" du pays : les territoires de chasse et d'horticulture (les deux principales ressources des Mapuches) se convertissent en haciendas où l'on pratique l'agriculture intensive.
Les Mapuches sont cette fois impuissants à endiguer l'avancée des colons. Sur le modèle nord-américain ils sont cantonnés dans des réserves ou se dissolvent dans la population.
Marginalisés et acculturés, victimes de discrimination raciale et sociale, ils subissent un véritable bouleversement culturel et social.
Celui-ci se traduit notamment par un important exode rural (en particulier chez les jeunes), de telle sorte que les Mapuches sont aujourd'hui principalement urbains, même s'ils conservent un lien fort avec leur communauté d'origine.
La réaction mapuche est relativement récente.
Elle s'exprime tout d'abord au plan judiciaire, par une revendication territoriale.
Appuyée par la "loi indigène" de 1993 (qui vise à protéger les terres et les ressources des peuples autochtones) elle a abouti à la récupération de certaines des terres ancestrales des Mapuches.
Mais ce chemin promet d'être long et ardu.
D'une part, car les moyens financiers mis à disposition de la CONADI (organisme né en même temps que la loi pour sa mise en application) sont insuffisants au regard des territoires contestés.
D'autre part car la loi indigène est d'une portée limitée, toutes les autres lois (celles sur la pêche, la mine, l’électricité ...) prévalant sur ce texte.
Enfin car il manque à la protestation des Mapuches la voix d'un leader unique et charismatique pour la porter haut.
La réponse des Mapuches est également d'ordre entrepreneurial : depuis quelques années, certaines communautés ont développé des programmes d'ethno-tourisme (2) qui permettent de découvrir et partager un mode de vie séculaire.
La culture mapuche, de transmission orale, est basée sur le admapu, un ensemble de traditions, de lois et de normes qui régissent la vie sociale et religieuse.Elle se perpétue notamment à travers une langue (le mapudungun), un artisanat (notamment textile), des musiques et des chants .