Le Mag - Malte

Ce qui surprend lorsqu’on découvre la capitale maltaise, c’est cette parfaite symétrie entre chaque ruelle, chaque avenue. Tout semble pensé, réfléchi et cadré pour former une parfaite harmonie. Lorsqu’on s’intéresse de plus près à la fondation de la ville, tout s’explique. Il faut remonter au milieu du XVIème siècle. À cette époque, le grand maître de l’Ordre des Chevaliers de Malte, le Français Jean Parisot de La Valette, a mis en place un projet de grande ville fortifiée afin de défendre l’île des attaques extérieures. Cette ville nouvelle fut alors baptisée en 1566 « La Valette » en hommage à son fondateur.

Mais l’ambition de Jean Parisot de La Valette allait bien au-delà d’un simple projet de fortification. En effet, celui-ci voulait faire de cette ville un grand centre culturel et commercial européen. Francesco Laparelli, assistant de Michel-Ange fut alors envoyé par le Pape pour superviser la construction de La Valette. En arrivant à Malte, l’architecte italien a tout d’abord établi un rapport sur l'état des fortifications de l'île. Puis, pour construire La Valette, Francesco Laparelli opta pour un agencement en quadrillage : un tournant majeur par rapport à la structure médiévale traditionnelle des villes de l’époque.

Autre particularité lors de la construction de la capitale maltaise : en 1569, un règlement a été publié dans l’idée de contrôler à la fois l'urbanisation et l'esthétique de la ville. Afin de préserver l'unité et la qualité architecturale de La Valette, il était donc interdit d’entreprendre des travaux sans que ceux-ci soient confiés à un architecte agréé. Plutôt novatrice, la ville de La Valette soulève alors un débat inédit pour l’époque : la liberté des architectes doit-elle être de mise ou l’unité architecturale doit-elle être totalement respectée ? Finalement, au cours des siècles suivants, une once de liberté fut accordée aux constructeurs mais toujours avec une règle d’or : conserver une harmonie au sein de la capitale maltaise.

Comment passer à côté des balcons maltais ? Baladez-vous dans les rues de la capitale, vous pourrez les apercevoir…absolument partout ! Eh oui, presque chaque appartement est doté de ces adorables balcons communément appelés « bow-windows ». Ces balcons sont clairement ce qui fait tout le charme de La Valette ! Présents dans toutes les couleurs, parfois en pierre, en fer ou même en bois, ces balcons font surtout partie de l’identité maltaise. Un signe distinctif à part entière. Et pour cause, au-delà de leur intérêt esthétique, le balcon maltais en dit beaucoup sur l’histoire du pays.

L’origine exacte de ce balcon n’a jamais été officiellement établie. Et ce, pour la simple et bonne raison que les influences s’avèrent être multiples. Car pour fonder La Valette, les Chevaliers de Saint-Jean étaient à la recherche d’une main-d’œuvre bon marché. Ils décidèrent donc de capturer de nombreux Turcs et Nord-Africains afin qu’ils construisent ce qui deviendra la capitale maltaise. De nombreux historiens expliquent donc la présence de ces bow-windows par l’arrivée de ces différentes populations sur le territoire maltais. Et si au départ, ce type de balcons était réservé aux classes les plus aisées, la ville de La Valette a réussi à les rendre plus populaires au cours du XVIIème siècle. Alors forcément, tous les bow-windows n’ont pas la même carrure. On peut même dire qu’ils permettent de définir le statut social de la famille qui y vit.

Et bien des années après leur construction, ces balcons jouent toujours un rôle important dans la vie des familles maltaises. Par exemple, lors des fêtes religieuses, ces balcons sont ornés d’effigies de saints. Autre particularité, que seuls les plus attentifs auront remarquée : des visages plutôt grotesques peuvent être observés sur certains balcons. D’apparence plutôt méchante voire menaçante, ces intrigants visages sont simplement là pour repousser le mauvais œil !

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Des années 60 aux années 90, Malte a connu une grande période d’urbanisation. Durant toute cette période de boom immobilier, les bow-windows ont connu un déclin sans précédent. Toute la magie de ces balcons fermés a commencé à disparaître… Et pour cause, ceux-ci se sont fortement détériorés. C’est pour cette raison que le gouvernement maltais décida en 2002 d’instaurer un vaste plan de restauration. Grâce à ce programme, des aides ont été apportées aux propriétaires pour restaurer ces balcons, tout en respectant la construction originale.

Midnight Express, World War Z ou encore Alexandre…que peuvent avoir en commun tous ces films ? On vous le donne en mille, La Valette ! Eh oui, véritable musée à ciel ouvert, la capitale maltaise est une source d’inspiration importante pour le cinéma américain. Comme tout le reste du pays, les rues de La Valette inspirent de nombreux réalisateurs. Et si celle-ci en inspire plus d’un, c’est tout bonnement parce qu’elle est au carrefour de nombreuses influences.

Un temps arabe, espagnole, française et pour finir, anglaise, Malte peut jouer tous les rôles avec une facilité déconcertante. On la confondrait ainsi presque avec Jérusalem dans World War Z, avec Marseille dans La Vengeance de Monte Cristo ou encore avec Beyrouth dans Secrets d'Etat ! Et les inconditionnelles de la série la plus populaire de ces dix dernières années, Game of Thrones reconnaîtront également certains recoins de la capitale maltaise. Ses paysages urbains, son accès direct à la mer Méditerranée et ses fortifications sont de réelles sources d’inspiration.

Alors, vous avez envie de vous replonger dans vos films préférés ? Pour cela, rendez-vous tout d’abord sur la place de la République de la Valette. Ce lieu très populaire auprès des locaux a servi de décor au film Munich, long-métrage qui retrace le drame historique ayant eu lieu dans la ville allemande en 1972. Allez ensuite observer la caserne désaffectée de Fort Saint Elmo. N’ayant pas pu se tourner en Turquie, Midnight Express, célèbre film des années 70 a utilisé cet endroit pour représenter cette fameuse prison turque décrite dans les mémoires de l’auteur William Hayes. Enfin, arrêtez-vous au Fort de Manoel, cette superbe fortification a servi de scène d’ouverture à la toute dernière adaptation du Crime de l’Orient Express. Rien que ça !